Introduction
L’accès à l’eau potable est un enjeu majeur au Burkina Faso. Pourtant, de nombreux forages équipés de pompes à motricité humaine (PMH) tombent en panne quelques années seulement après leur mise en service. Pourquoi ces infrastructures censées durer des décennies échouent-elles si rapidement ? Une mission conjointe de la DGRE, UNICEF et Skat Foundation (Danert et al., 2018) a permis d’identifier les causes principales de ces défaillances.
Les principales causes de panne des forages
1. Une saison de forage trop courte
Au Burkina Faso, la majorité des projets de forage sont financés sur un cycle budgétaire annuel. Les appels d’offres sont souvent lancés tardivement, coïncidant avec la saison des pluies. Résultat : les travaux sont concentrés sur une période de 6 à 10 semaines à peine. Cette contrainte oblige les entreprises à forer dans la précipitation, au détriment de la qualité.
2. Des malfaçons lors de la construction
Les audits de 2013 et 2014 révèlent que 32 à 34 % des forages présentent des infrastructures non conformes (pompes défectueuses, margelles fissurées, tuyaux corrodés…). Ces défauts sont souvent liés à un manque de contrôle ou à des entreprises mal qualifiées, mais aussi à des choix techniques inadaptés au terrain.
3. Des pompes inadaptées aux profondeurs locales
Le modèle de pompe India Mark II, largement utilisé, est inapproprié pour les forages profonds dépassant 40 mètres. Dans certaines régions comme le Nord ou le Sahel, ce type de pompe s’use prématurément, provoquant des pannes récurrentes.
4. Un manque criant de formation
Depuis 2008, aucune formation systématique n’a été organisée à grande échelle pour les acteurs du forage (entreprises, bureaux d’études, communes, etc.). Résultat : une nouvelle génération d’opérateurs sans encadrement ni expertise réelle se retrouve en charge de projets complexes. Cela compromet la durabilité des ouvrages.
Conséquences : un gaspillage financier et humain
Selon les estimations du rapport, entre 0,6 et 2,9 milliards de FCFA sont gaspillés chaque année en raison de la mauvaise qualité des forages. Plus de 130 000 personnes se retrouvent privées d’eau potable à moyen terme, malgré l’investissement initial. Le coût humain et social est considérable.
Quelles pistes pour améliorer la situation ?
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Allonger la saison de forage en adaptant les cycles budgétaires
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Renforcer la réglementation et le suivi des chantiers
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Adopter un code de bonne conduite national
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Former les techniciens et superviseurs à tous les niveaux
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Contrôler la qualité des matériaux, notamment les composantes de pompes
Conclusion
Les forages au Burkina Faso échouent trop souvent faute de rigueur, de formation et d’anticipation. En suivant les recommandations du rapport « Bonnes pratiques pour la réalisation de forages » (Danert et al., 2018), il est possible d’inverser la tendance. Il ne s’agit pas seulement de forer, mais de construire durablement.
Source à citer :
Danert K., Ouedraogo J.P., Amadou B., Zombre A. (2018). Bonnes pratiques pour la réalisation de forages au Burkina Faso – 2017, Note de mission, DGRE, Skat Foundation, UNICEF.
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